Re: Creators, studio Troyca, 22 épisodes, diffusé au printemps 2017
Les animes où un personnage de notre monde se retrouve propulsé héros dans un monde imaginaire se sont multipliés comme les bambous après la pluie ces dernières années. Ces animes, dits isekai, sont un genre populaire que Re : Creators a choisi de réinterpréter à sa manière, en transposant cette fois-ci des héros de fiction, issus de light novels, mangas, anime et jeux vidéo, dans notre monde. C’est ainsi que 8 personnages aux profils très différents (de la magical girl à la sorcière amorale en passant par le pilote de mecha) se retrouvent projetés dans un Tokyo contemporain à l’instigation d’un neuvième personnage mystérieux, doté de pouvoirs quasi-omnipotents, surnommé « The Military Uniform Princess ».
Re : Creators se sert de ce postulat relativement neuf pour proposer un anime d’action ponctué par de nombreuses batailles mais qui est aussi intéressant par la façon dont il présente la réaction de ces personnages de fiction subitement confrontés au monde qui les a créés, les plongeant parfois dans des scénarios cruels pour le simple plaisir du public, tels des gladiateurs dans une arène. Tous chercheront à contacter leur créateur afin de comprendre leur raison d’être, avec des attentes et réactions bien différentes selon leurs tempéraments. Ces quêtes initiatiques auront forcément un impact sur les créateurs, qui vont alors tenter de se liguer pour comprendre les motivations du mystérieux neuvième personnage, qui semble animé d’une haine inextinguible envers le monde des créateurs.
Malgré ce postulat intéressant il ne faut pas non plus s’attendre à ce que Re : Creators délivre un message philosophique et profond sur la signification de la création par exemple. Selon les spectateurs, cela peut être un point positif (un anime qui ne veut pas se faire plus important qu’il ne l’est) ou négatif (une idée sous-exploitée). Je me range pour ma part plutôt dans la première catégorie, car si Re : Creators ne marquera sans doute pas à vie son audience, il donne un aperçu intéressant dans le petit monde du manga et de l’anime, en rassemblant divers mangakas, écrivains, dessinateurs, avec autant de façons de travailler et de voir leur métier.
A cela il faut ajouter la relative bonne tenue de la plupart des personnages, dont les motivations ne sont pas toujours parfaitement lisibles et peuvent évoluer, leur donnant plus d’ampleur que de simples archétypes. On pense en particulier à la magicienne et stratège Meteora, l’amorale Magane ou encore (qui l’eût cru ?) la magical girl Mamika. Pas de grosse erreur de casting, et ce même pour le « héros » Souta, jeune lycéen ayant perdu l’envie de dessiner, qui aurait très rapidement pu devenir le fameux « bland protagonist » tant craint des amateurs d’anime, mais qui finalement n’a pas le droit à des moments de gloire artificiels ou à des discours inutiles sur le pouvoir de l’amitié, ce qui fait un très gros piège d’évité. On soulignera aussi la réussite des scénaristes, qui ont réussi à donner une cohérence à un scénario impliquant des personnages aux pouvoirs très différents, ce qui aurait pu vite virer en grand n’importe quoi.
Un petit mot sur l’animation : tout comme pour le casting, aucune faute grave à signaler, si ce n’est quelques persos secondaires gribouillés lors de certains plans, mal frappant presque tous les animes. A signaler aussi le chara design réussi de la « Military Uniform Princess ». Les scènes de combat sont par contre très réussies, l’utilisation conjointe de 2D traditionnelle et de CGI (pour les combats impliquant des mechas) est harmonieuse.
Les scènes de combat aussi une réussite grâce au très bon accompagnement musical signé Hiroyuki Sawano, qui signe aussi les deux openings, eux aussi tout à fait réussis. Le rythme et la synchro avec l’action, tout y est.
Enfin un dernier mot pour l’épisode récap, qui a lui seul vaut le détour par la façon dont le narrateur déforme volontairement les faits de façon humoristique.
En somme le spectateur jugera si le verre est à moitié plein ou moitié vide en regardant Re : Creators. Peut-il passer outre les quelques facilités scénaristiques et temps faibles de la narration ? Choisira-t-il de voir dans cet anime un bon divertissement sachant ménager ses rebondissements et proposer une galerie de personnages intéressants et aux profils variés ? Enfin Re : Creators a pour mérite de permettre d’en savoir un peu plus sur le fonctionnement de la grande fabrique à pop culture que sont les industries du manga, du light novel et de l’anime, sans se prendre pour un documentaire non plus.
L’homme aux 1000 waifus
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