top of page

Mob Psycho 100 (critique d'anime)



Tout dernier joyau du génialissime ONE, le cerveau derrière le déjà légendaire webcomic One Punch Man (lancé en 2009, adapté en manga par Yusuke Murata en 2012 et en anime en 2015), Mob Psycho 100 reçoit le même traitement que son prédécesseur et sa version animée sort en 2016 sous la direction avisée du Studio Bones (<3). Et si le passage du papier à l’écran n’est pas toujours une évidence, surtout lorsqu’il s’agit de shonen (coucou tragique destinée de Bleach), l’œuvre de ONE fait à nouveau carton plein : l’anime Mob Psycho 100 est une petite pépite qui me bénit en retard en cette sainte année de 2017.


Plongez dans le quotidien de Kageyama Shigeo, surnommé Mob, notre héros tourmenté. Comment pourrait-il en être autrement lorsqu’à treize ans, aux portes de la puberté, de ses émois et de ses crises existentielles à répétition, il est accessoirement doté de pouvoirs psychiques assez puissants pour réduire une bâtisse en cendres ? Nous le suivons donc tenter avec l’aide de son mentor Arataka Reigen (un conseiller spirituel/médium plus doué pour les techniques secrètes de tromperie que dans les affaires de psychisme, et qui n’est pas sans rappeler l’inoubliable Eikichi Onizuka), d’apprendre à vivre avec un don extraordinaire et potentiellement léthal, autour duquel finissent forcément par graviter ennemis et alliés.


Le charme principal de Mob Psycho 100 réside dans son héros atypique. Shigeo est un être frêle, socialement gauche et émotionnellement réprimé – état qui constitue le moteur du conflit : ses émotions, vives et explosives, sont le catalyseur de son pouvoir. Mais face aux responsabilités inhérentes à une puissance hors norme qui le contrôle plus qu’il ne le fait, et face au danger qu’il représente pour son entourage, Shigeo s’est réfugié dans une apathie candide, une poursuite effrénée de l’intériorisation qui aboutit tragiquement à la négation radicale des aspects les plus essentiels de lui-même. En somme, il est, lorsque nous faisons sa connaissance, une coquille vide.


Le génie narratif de ONE, c’est de dépasser les appréhensions laissées par ce premier contact (et par des premiers épisodes parfois péniblement poussifs) ; c’est d’offrir à ses protagonistes la chance d’évoluer et de révéler les multiples facettes (souvent inattendues) qui en font des personnages authentiques, attachants et complexes. Je ne me livrerai pas à une discussion détaillée sur les personnalités qui m’ont marquées : la galerie de personnages bigarrée et complètement barrée de Mob Psycho 100 mériterait plus que quelques lignes.



Une note incontournable, toutefois, pour donner un aperçu du vent de fraîcheur que représente cette œuvre : si l’histoire possède des traits du shonen classique (ONE semble le reconnaître, et même d’une certaine façon le revendiquer pleinement), elle se refuse à tomber dans les facilités propres au genre. Oui, Mob est clairement un personnage OP ; non, cette violente surpuissance n’est pas la voie qui mènera à la résolution du conflit. Être défini par cette seule caractéristique ? Shigeo s’y refuse : rejetant la mégalomanie enfantine de « l’élu » shonen-ien, à laquelle son existence-même de héros semblait pourtant le prédestiner, il s’affirme comme un être ordinaire, état libéré de toute connotation négative. Ses rêves sont ordinaires (certains critiqueraient un manque d’ambition) mais c’est parce qu’il s’agit avant tout d’un enfant ordinaire, plongé malgré lui dans un univers qui le dépasse. En somme, c’est une métaphore poussée à l’extrême de l’adolescence.


Si ma critique se concentre sur cet aspect de l’anime (et non sur l’animation de qualité – en particulier pour représenter les esprits folkloriques et les scènes d’action – et le style personnel de ONE qui mon dieu a du chien (même si, oui, c’est un style qui passe ou qui casse), l’humour absurde omniprésent ou la présentation d’un monde fascinant et plein de potentiel), c’est parce que tout au long de mon premier visionnage, j’ai raté les pistes jetées ci et là qui donnent ensuite tout son sens au point culminant de la saison, incroyable de perspicacité. Honnêtement, je considère que cet anime vaut la peine d’être vu au moins rien que pour ses derniers épisodes, qui relèvent du coup de maître.


Première saison plus que prometteuse pour MOB PSYCHO 100, petit voyage génial dont je me remets encore. Si vous n’avez pas peur du côté un peu brusque et carrément bizarre que peut présenter cet anime, jetez-vous dessus. C’est une histoire alternant avec justesse moments de gravité et moments pour le moins perturbants (mais drôles, promis !). Surtout, elle est dynamique, parce que ses personnages disposent d’une qualité à mon sens trop rare dans les œuvres de fiction. Loin de se plier aveuglément aux sacrosaintes exigences d’une trame préétablie, c’est eux qui en sont à l’origine. C’est marquant : ce sont les personnages qui font cette histoire. Brillant.


Comments


bottom of page