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Kiss Him, Not Me (critique d'anime)



Je n’ai pas toujours envie de lire des classiques de la littérature ; Zola c’est bien sympa, mais un bon vieux roman de gare de temps en temps, ça ne fait pas de mal. C’est pareil pour les animés. Et c’est ce qui m’est arrivé avec « Kiss him, not me ! » (« Watashi ga motete dousunda »). Quelques heures à tuer. L’adaptation animée d’un manga de 10 volumes. 12 épisodes. Pas de prise de tête. What else ?


Alors je vais mettre ça derrière moi tout de suite : cet animé est d’une grossophobie alarmante. Il est niais comme pas possible. Il est aussi extrêmement prévisible. Mais vous savez quoi ? J’ai aimé le regarder. Ça m’a rappelé mes heures passées à rire devant host club dans ma tendre jeunesse.


Mais alors, de quoi ça parle Kiss him, not me ?


Kae Serinuma est une jeune adolescente de 17 ans. Membre du club d’histoire de son école, irrésistible otaku devant l’éternel, elle est notamment une remarquable fujoshi (fan de romance entre deux hommes). C’est bien simple, elle est incapable de regarder deux hommes ensemble sans les imaginer en couple, vivant une relation passionnelle (malheureusement pour les plus passionnés d’entre nous, ça ne vire jamais au yaoi. Soupir.).


Et elle, dans tout ça ? Elle, elle ne compte pas. Pourquoi ? Parce qu’elle est grosse. Au point de ne pas avoir de définition sur son visage. Elle se contente donc de regarder les garçons s’aimer entre eux, sans elle. Comme elle le dit si bien, pourquoi l’histoire devrait-elle toujours être entre un homme et une femme, le prince et la princesse ? Pourquoi ne pas laisser les deux princes ensemble, tandis que la princesse les observe depuis le buisson le plus proche ?


Mais un jour, c’est le drame : le plot twist de trop dans son animé préféré va la dévaster, et elle va s’enfermer chez elle pendant des jours et des jours, se noyant dans ses larmes d’otaku. Et le jour où elle décide de retourner vers le monde réel, quel choc ! Toutes ces heures sans manger lui ont permis de perdre tous ses kilos en trop. Fini la voix ridicule, le visage sans traits ! Serinuma est désormais un sex-symbol. Elle en a même perdu ses lunettes, c’est dire ! Ce qui devait arriver arriva donc : pas moins de 4 garçons tombent instantanément fous amoureux d’elle. Ils n’ont alors qu’un but : la détourner de son fangirlisme pour la ramener vers le « droit chemin », les garçons réels !


« Mais enfin, ça a l’air nul ce truc ! Comment as-tu pu interrompre ton visionnage de Code Geass pour regarder ce torchon ? » Me demande-t-on dans l’oreillette.


C’est pourtant bien simple.


Déjà, je suis faible. Dès qu’un manga ou un animé fait référence à d’autres, je suis conquise. J’ai eu le même problème avec Dagashi Kashi (qui en plus, m’a appris plein de choses sur les confiseries japonaises). Au moindre cosplay que je reconnais, je fonds. Mention spéciale aux références à Shingeki no Kyojin disséminées dans tout le manga, qui m’ont toutes fait rire (c’est vrai quoi, pourquoi regarder les garçons du monde réel lorsque Captain Levi ne demande que notre amour ?). J’ai terminé cet anime en ayant envie d’en (re)regarder au moins 5 autres. C’est mauvais parce que j’ai plein de choses à faire, mais en même temps, ça fait plaisir.


Ensuite, parce que ce manga est queer. J’avais été particulièrement déçue de voir que l’homophobie de Naruto était telle que le simple souvenir d’avoir été accidentellement embrassé par un garçon le faisait vomir. Ici, à mon agréable surprise, le cinquième prétendant est… une prétendante ! Et cela se fait de manière très naturelle. La fille en question n’hésite d’ailleurs pas à se placer au même niveau que les autres, et à leur faire comprendre qu’elle est elle aussi une « menace ». Et elle n’est pas la seule. Un autre personnage dira un jour « le sexe importe peu, je suis prêt à vous étreindre tous autant que vous êtes » ! Alors certes, il y a toujours pas mal d’homophobie dans ce manga, mais ajouter des personnages queer, sans que ça ne soit parodié, quelle avancée !



Enfin, parce que cet animé déconstruit pas mal de clichés sur la romance et les relations présents dans les shojos. Non, plaire à des garçons ne signifie pas que l’on est enfin prête à entrer dans le game. Oui, être embrassée par une fille, ça compte. Oui, le consentement, c’est important. Si tu embrasses une fille de force, elle ne va pas tomber amoureuse de toi. En revanche, elle peut être traumatisée. Vraiment. Oui, on a toujours le choix. On peut dire parfois oui, parfois non. Ce n’est pas parce que l’on a accepté (voire toléré) un contact physique une fois (au chalet) que l’on va dire oui la prochaine fois…


C’est pour toutes ses raisons que j’ai aimé regarder ces 12 épisodes de « Kiss him, not me ! ». Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : ce n’est pas le chef d’œuvre de l’année. Mais ça fait le taf, ça divertit, ça fait rire, et regarder un anime queer, qu’est-ce que ça fait plaisir !


Béatrix Kemkeng Djoumessi

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