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Gravity Rush Remastered (critique)



Titre prévu pour le lancement de la PS Vita, Gravity Rush sera finalement sorti avec quelques mois de retard pour donner une véritable claque aux possesseurs de PS Vita qui devaient ronger leur frein sur un pauvre Uncharted ou un Wipeout. Le jeu était une véritable bouffée d’air frais, un jeu aux identités visuelle, artistique et sonore uniques, le tout couplé à une mécanique de gameplay simple mais novatrice, consistant à donner à l’héroïne le pouvoir de changer le sens de la gravité (le sens de chute s’entend). Gravity Rush montrait les caractéristiques (succès critique, idée de gameplay novatrice, identité visuelle forte) d’une future licence à succès, si le jeu n’était pas sorti sur PS Vita... Bien qu’adulé par les joueurs de la console portable de Sony, le jeu semble avoir peiné à se trouver une suite, qui a fini par se concrétiser, d’abord sur PS Vita avant d’être réorientée vers la PS4, au parc installé infiniment plus large que la trop méconnue PS Vita. Dans cette optique, un Remaster de l’opus Vita a donc vu le jour sur PS4, celui que nous testons ici. Et à l’heure de la sortie de Gravity Rush 2, il est l’heure pour votre serviteur de vous dire pourquoi il est plus que temps de rattraper votre retard sur le premier opus.


Kat et le monde inversé


Maîtriser la gravité, s’en servir pour voler dans les airs, marcher sur les airs, fondre sur les ennemis, tel est le pouvoir que se découvre la jeune Kat qui se réveille, amnésique, à Hekseville. Cette cité, construite autour d’un gigantesque pilier dont on ne voit ni le début ni la fin, est en proie à la terreur depuis que des tempêtes et des créatures noires inconnues, les Nevis, s’en prennent à la population et à la ville, en arrachant des pans entiers qui disparaissent on ne sait où. Un malentendu plus tard et notre héroïne se retrouve catapultée justicière d’Hekseville, chargée de ramener les quartiers perdus de la ville, une tâche plus malaisée qu’il n’y parait...



La première baffe du jeu est indubitablement artistique : la direction artistique est tout simplement fabuleuse. Les différents quartiers d’Hekseville arborent chacun des couleurs chaudes et dégagent des ambiances bien distinctes, renforcées par de superbes musiques. Les personnages principaux ne sont pas en reste : on retrouve dans le trait des dessinateurs et chara designers l’influence du dessinateur Moebius (hommage revendiqué d’ailleurs) auquel le jeu rend joliment hommage. Tous les personnages sont réussis, depuis l’héroïne Kat jusqu’au vieillard loufoque Gade en passant par Raven la rivale et Alias, le mystérieux antagoniste. A cela il faut ajouter que les personnages féminins (qui tiennent le devant de la scène, une fois n’est pas coutume) ont un design très réussi et qui, si il laisse voir pas mal de peau, ne verse jamais dans le vulgaire ou le fan service. Les scènes de dialogue s’enchaînent également comme des cases de BD interactives dans lesquelles les bulles viennent s’insérer, se surajouter, se bousculer, le tout en hommage à Moebius et aux mangas. L’ensemble dégage une véritable cohérence et un charme fou qui ne peut laisser le joueur indifférent.




All you have to do is fall in love...


La seconde baffe s’enchaîne immédiatement après, lorsque Kat découvre son pouvoir et se met à flotter dans les airs, effectuant ses premiers changements de gravité : rarement un jeu ne m’aura donné de sensations aussi grisantes que Gravity Rush, tant sur PS Vita que sur PS4. Les équipes de Keiichiro Toyama ont réussi un véritable tour de force en parvenant à donner de véritables sensations de vol au joueur manette en main. On s’amuse à voltiger dans tous les sens et à planer autour d’Hekseville tant et si bien qu’on finirait presque par en oublier ses objectifs de mission ou même la raison pour laquelle on a allumé la console. Si Gravity Rush présente un design extraordinaire, il s’agit avant tout d’un concept de gameplay simple, sans fioritures et complications (il existe bien une jauge pour limiter votre temps de vol mais celle-ci ne vous entravera que très peu), tout est fait pour maximiser le plaisir de jeu, et cela se ressent. Le jeu possède d’ailleurs une séquence d’anthologie où l’on affronte la rivale de Kat, Raven, lors d’une bataille en chute libre absolument épique tant l’impression d’être soi-même en chute libre est présente. Qui a dit que l’on avait besoin d’un PS VR pour ressentir ce genre de sensations ?


D’ailleurs il est assez significatif que les reproches fait au jeu parlent de « répétitivité » des combats, objectifs et ennemis : Kat ne dispose que d’une seule attaque, le Gravity Kick (elle se laisse « tomber » sur ses adversaires) et de quelques attaques spéciales. Quant aux ennemis, les Nevis, s’ils ont des caractéristiques différentes, ils doivent tous être vaincus de la même façon : avec un bon Gravity Kick sur le point rouge qui leur sert de point faible. Et il est vrai que de ce point de vue Gravity Rush est répétitif : kicker (à prononcer avec un accent québécois) tous les ennemis, avancer dans la zone suivante, kicker tous les ennemis et ainsi de suite jusqu’au boss. Mais les sensations de jeu sont si neuves et plaisantes que l’on passe outre et que l’on se réjouit même de tous ces prétextes pour toujours plus de voltiges et de chutes dans les airs. Gravity Rush aurait parfaitement pu opposer Kat à des plots qu’il aurait tout de même pleinement mérité sa note.



Si les missions du mode histoire ne sont pas particulièrement difficiles et ne requerront que 10h de jeu (en ligne droite) pour voir les crédits défiler, il en sera tout de suite autrement si le joueur désire s’atteler aux challenges parsemés à travers la ville, très rémunérateurs en cristaux, qui servent à améliorer les pouvoirs et attaques de Kat. Tous les finir avec la médaille d’or tiendra de la gageure. Ajoutez à cela des boss cachés, un mystérieux couple (auxquels les Lutèce dans Bioshock Infinite font d’ailleurs grandement penser) caché en de nombreux points de la ville et nous en apprenant davantage sur le fonctionnement du Pilier, et il faudra probablement 20/25h (suivant les modes de difficulté) pour voir le bout du jeu, une durée de vie honorable.


Remonter au sommet de la roche tarpéienne


Le scénario de Gravity Rush voit donc notre héroïne tenter de défendre Hekseville face à la menace Nevi. Mais Kat doit aussi faire face à Alias, ce mystérieux antagoniste masqué qui semble bien la connaître, et s’amuse à semer la zizanie dans la ville. Face à ces désordres, une fraction croissante de la population semble se prononcer en faveur d’un renforcement de l’armée qui se traduirait de facto par l’établissement d’un régime militariste, chose que Kat ne semble pas prête d’accepter non plus. Cette dernière doit par ailleurs composer avec les attaques de sa rivale Raven, qui semble voir en Kat la source des maux qui frappent Hekseville, et maîtrise tout comme elle la gravité.


Si le scénario de Gravity Rush s’avère plaisant à suivre, notamment grâce à la bonne écriture des personnages, celui-ci souffre (jusqu’à la sortie de l’épisode 2 en tout cas) d’une fin un poil trop ouverte, qui laisse le joueur seul face à ses interrogations et soulève plus de questions qu’il n’en résout. On comprend néanmoins que Kat « vient d’en haut » du pilier, un endroit mystérieux dont personne ne sait vraiment grand-chose, et qu’elle en est tombée pour une raison qui reste floue (je ne vous dis pas tout bien entendu, no spoil ;) ).


Si le scénario peut laisser un goût d’inachevé, c’est aussi parce que l’on prend plaisir à suivre le personnage de Kat, dont les doutes, émotions et ressentiments sont partagés avec le joueur, avant de nous retrouver face à la fin du jeu qui vient nous rappeler les grands enjeux du scénario et se finit sur un point d’interrogation. La proximité du joueur avec Kat est toutefois une réussite incontestable: notre vaillante héroïne constitue le véritable centre du scénario, ce qui est assez rare dans le paysage vidéoludique japonais, friand de héros muets ou impersonnels. On compte tout de même sur l’épisode 2 pour nouer définitivement le destin de Kat avec celui de son monde et apporter les réponses aux questions que le premier opus a soulevé.


There’s a cool Kat in town


Un dernier point pour mentionner l’excellent travail réalisé par Kohei Tanaka, compositeur de musiques d’anime avant tout, ayant aussi collaboré sur les jeux Sakura Wars mais aussi sur les animes Dragon Ball, One Piece... Celui-ci a réussi à créer une excellente bande-son, unique et collant très bien à l’atmosphère du jeu. On notera de discrets hommages à la France à travers quelques compositions à l’accordéon ;) Les thèmes des quartiers sont extrêmement réussis, chacun disposant d’une couleur musicale qui la distingue des autres. Mention spéciale à la musique du quartier étudiant, « Pleasure Quarter », et celle du centre-ville, « Downtown ». La plus grande réussite du jeu vient toutefois des musiques qui accompagnent les dialogues et les cinématiques : bien que discrètes et courtes, elles accompagnent à merveille les scènes et soulignent les états d’esprit de Kat, contribuant grandement au rapprochement entre le joueur et l’héroïne. Un bel exemple de musique mise au service de l’immersion. Les thèmes des donjons sont légèrement moins inspirés car plus éthérés et moins évocateurs, mais restent de qualité. La musique des crédits mérite également d’être écoutée, tant la version vocale qu’instrumentale. Quelques liens ci-dessous pour vous mettre dans l’ambiance :

Discovery of Gravitation

Sorrow

Gravity Days

Recollection

Pleasure Quarter

Fighting Yunica


Note (Daniel, faire un encadré spécial)

Pour ceux que l’OST du jeu intéresse, nous vous renvoyons vers la vidéo qu’After Bit a faite sur le sujet, très complète et érudite : https://www.youtube.com/watch?v=6LaXZ2ma7Pw


Play the game !


Gravity Rush fait partie de ces jeux extrêmement rares car totalement inclassables : en plus de proposer une DA (graphique et musicale) unique et immédiatement reconnaissable, les aventures de Kat sont aussi l’occasion de redécouvrir, joueurs blasés que nous sommes, cette sensation fraîche et enivrante qui consiste à simplement découvrir une mécanique de jeu nouvelle et à s’amuser avec, tout simplement. Et ce plaisir permanent balaie tous les points « négatifs » du jeu tant ceux-ci sont anecdotiques par rapport à ce que ce jeu d’une rare générosité à à nous offrir. Gravity Rush Remastered est un must have pour les joueurs de console qui ont envie de rompre le morne train-train des FPS/RPG/Fifa et de se laisser (aux deux sens du terme) retomber en enfance, quand chaque jeu nous surprenait par ses nouveautés.

Les +

  • Un travail artistique fabuleux

  • Des dialogues empreints d’humour et de légèreté

  • Un quasi sans-fautes sur les personnages

  • Un gameplay unique et grisant

  • Un OST remarquable dans sa diversité

  • Un scénario qui donne envie d’en savoir plus...

Les –

  • ... avant de se terminer un peu tôt.

  • Le design assez quelconque des Nevis


Verdict : 9/10



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