top of page

Celeste, la montagne magique (critique)

Celeste par Matt Makes Games, disponible sur PC, PS4, Xbox One et Switch pour 20 euro au lancement.


J’ai fait le jeu sur Switch avec les Joy Cons, ai fini l’aventure principale, collecté bon nombre de fraises et pleuré du sang sur les faces B des niveaux.

Notez qu’il existe une version gratuite et simplifiée du jeu, par ici : https://mattmakesgames.itch.io/celesteclassic



Le nom de Matt Thorson n’est peut-être pas inconnu aux amateurs de jeux en multi local puisque le développeur canadien a réalisé Towerfall Ascension, qui avait connu un beau succès critique et commercial en proposant des combats d’archers en arène au rythme endiablé. Son studio Matt Makes Games vient de publier son dernier jeu, Celeste, et décide de s’attaquer aux platformers hardcore, un genre qui ne manque pourtant pas de poids lourds comme Super Meat Boy ou VVVVV. Mais le jeu du studio canadien ne fait pas que relever le défi, il place la barre encore plus haut, au sommet du Mont Céleste.


La darksoulisation d’Ice Climbers ?


Madeline est une fille ordinaire s’étant fixé un objectif qui, lui, l’est moins : gravir le Mont Céleste. Si le pourquoi n’est que suggéré, on comprend vite que cette ascension n’est pas seulement difficile techniquement : celle-ci révèle aussi les différentes facettes de la personnalité de Madeline, qui semble ployer sous un fardeau invisible.



Le jeu prend donc la forme d’un platformer hardcore, composé d’environ 700 tableaux qu’il s’agira de traverser en sachant que la moindre imprécision peut entraîner votre mort. Madeline dispose de deux atouts pour franchir ces obstacles : un dash (directement repris de Towerfall) qui lui permet de bondir dans n’importe quelle direction et sa capacité à s’accrocher et à grimper aux murs pendant un temps limité. Il est important de noter que ce dash doit être « rechargé » en mettant les pieds au sol, il faut donc savoir l’utiliser au bon moment. Au joueur d’observer attentivement son environnement et d’en déduire la marche à suivre. Le jeu est divisé en 8 niveaux qui vont chacun introduire une mécanique spécifique qu’il conviendra d’exploiter correctement. On émettra uniquement une réserve sur l’imprécision relative du stick du Joy-Con, qui causera quelques morts supplémentaires. Si vous en avez la possibilité, jouez au Pro Controller avec la croix directionnelle, plus précise. Pareillement, jouer au clavier sur PC semble tenir de la gageure.



Un zeste de frustration et énormément de plaisir


Faire un platformer hardcore est une chose, le réussir en est une autre, car encore faut-il doser la difficulté justement. A ce titre le contrat est parfaitement rempli : les tableaux sont souvent difficiles mais jamais infaisables, et le joueur ne peut s’empêcher de retourner sur le niveau pour corriger son erreur d’appréciation ou de trajectoire. On peut être frustré par moments, mais plus par ses propres erreurs que par l’injustice du jeu, et je n’ai jamais ragequit de dépit. Thorson a d’ailleurs eu la bonne idée de grandement réduire la durée (et donc l’impact) d’une mort : vous vous retrouvez au début du tableau en une seconde à peine, prêt à recommencer. Bien dosé et complètement addictif, Celeste est un véritable plaisir à jouer. On pense notamment au principal boss fight du jeu, absolument mémorable de plaisir et qui vous fais vraiment découvrir le flow, cet état où vous cessez de réfléchir activement à ce que vous devez faire et agissez purement à l’instinct, jouissif. L’ascension finale est également remarquable.


On apprécie d’ailleurs énormément le ton adopté par le jeu (très canadien dans l’esprit) : au lieu de te balancer un « Git gud n00b » trop fréquent dans le petit cercle des joueurs de platformers hardcore, le jeu n’hésite pas à dire qu’il faut être fier de son compteur de morts comme signe de persévérance et de volonté d’apprendre. Thorson n’hésite pas également à ajouter un mode assisté que le joueur peut paramétrer pour franchir un pic de difficulté.


Il est intéressant de noter que Thorson n’avait à l’origine pas prévu de scénario pour son jeu. Il finit par prendre quelques mois de plus pour en ajouter un, et avec réussite. Le faible nombre de dialogues et les cinq personnages croisés dans le jeu ne doivent pas vous leurrer. Thorson parvient à délivrer un message en phase avec ce que son jeu nous fait vivre : traverser une épreuve difficile ne doit pas être vu comme un challenge dont l’accomplissement est sa seule raison d’être, mais plutôt comme une occasion de se réinventer en puisant en soi des forces auxquelles on ne fait habituellement pas appel. Je n’en dirai pas davantage, mais le jeu parvient à délivrer un message fort et simple à la fois, chose rare dans les platformers hardcore.



Mais finir le jeu ne représente que la partie émergée de l’iceberg, chaque niveau regorge de secrets en tous genres : tenter d’obtenir le plus de fraises (qui ne débloquent rien comme le rappelle le jeu, uniquement un sentiment de fierté), de cœurs cachés dans les niveaux, débloquer les faces B puis C des niveaux, version ultra hardcore des niveaux originaux (400 morts par face B en moyenne) et enfin obtenir un dernier niveau bonus. Bref ne vous laissez pas leurrer par les 6-7 heures requises pour finir le jeu principal. Vous en aurez largement pour votre argent, tout dépendra du défi que vous vous fixerez, de la hauteur de la montagne que vous chercherez à gravir.


Des graphismes minimalistes, un OST de qualité


Tout comme Towerfall, Celeste s’appuie sur une esthétique pixel art commune dans le petit monde des indies, rien de particulier à signaler à ce sujet. On apprécie tout de même la variété des niveaux traversés : une ville abandonnée, une forêt, un hôtel désaffecté et des pics enneigés bien sûr.

L’OST du jeu est également une réussite. Composé par Lena Raine, compositrice indépendante pour jeux indés, celui-ci varie habilement les rythmes et tonalités selon l’avancement du joueur dans le niveau ou selon l’état d’esprit de Madeline. Mention spéciale au thème du boss fight du chapitre 6, très inspiré (qui a dit Nier Automata ?) et parfaitement adapté au rythme spécial de ce niveau.


Celeste est donc l’excellente surprise de ce début d’année : hardcore mais accueillant, sévère mais jamais injuste, le jeu vous apprendra à vous dépasser pour un plaisir de jeu rare. Sa structure en tableaux est idéale pour des courtes sessions de jeu comme autant de moments de respiration et de challenge à la fois. Après un Towerfall Ascension ayant fait un bien fou au genre moribond du multi local, Matt Thorson et ses acolytes parviennent encore à réinventer le platformer hardcore tout en le faisant avancer.


Les +

  • Difficile sans être punitif

  • Des tableaux parfaitement conçus

  • Des mécaniques qui se renouvellent efficacement

  • Un scénario qui sonne juste

  • Un OST de qualité

  • Contenu post-game pléthorique

  • Prix doux

Les –

  • Le pixel art peut rebuter

  • Quelques imprécisions du gameplay au stick


Verdict : 8/10


Comentários


bottom of page